Accueil > Découverte des noms de rues

L'actu : Découverte des noms de rues

Publiée le 22 avril 2021

Classée dans

Episode 3

Deux voies de transhumance animaient Chirac et Le Monastier…

           Le Pont de la Colagne à Chirac par la route du Moulin,

           Le Pont de la Colagne au Monastier par le chemin des Bories

           Un évasement de la rivière explique la longueur du pont de la Colagne à Chirac. Restauré voici 20 ans, ce pont relie Chirac à Saint-Bonnet de Chirac et son hameau principal : Les Bories ; il vit passer nombre de troupeaux en transhumance et de mules chargées de transporter par monts et par vaux maintes denrées…

           Si les pierres pouvaient filmer et parler… Heureusement, certains documents et les plus anciens de notre commune de Bourgs-sur-Colagne ont, en son temps, répondu à diverses enquêtes. En voici un résultat.

           Voici donc un extrait du journal de bord d’une chercheuse, Adrienne DURAND-TULLOU, docteur ès-Lettres qui suivit de bout en bout l’ultime transhumance ovine en Aubrac. Son journal de bord s’étend du 1er juin au 13 septembre 1965. Parti du Domaine du Cambous, commune de Violle-en-Laval (Hérault), le troupeau ovin compte environ 1300 bêtes à laine. Il est d’abord baigné, vacciné, marqué après la tonte. Le drayao  -mouton de tête qui entraîne le troupeau au long des drailles-   mène une longue cohorte ondulante sur les pentes et  rochers de la garrigue. Le 9 juin, le curé a béni le troupeau à 6h30. Plus de 100 km devront être parcourus jusqu’au Col de Bonnecombe, via Saint-Martin -de-Londres, Ganges, Le Vigan, les cols de la montagne de l’Aigoual,  le col de Perjuret, Sainte-Énimie, Chanac, Les Bories et enfin le Pont de la Colagne près le moulin, aujourd’hui Les Moulins de la Colagne.

           14 juin

           ‘Huitième étape qui se terminera au cœur de l’Aubrac. Les départ de Chanac s’effectue à 3 heures du matin. Les bêtes avancent de plus en plus lentement. Depuis le départ de Sainte-Énimie, la plupart d’entre elles boitent par suite de la trop longue distance parcourue sur les cailloux et plus encore sur le bitume des routes. On dit qu’elles sont ‘agravées’ (de grave = caillou).

           Le paysage devient accidenté et verdoyant jusqu’à Chirac où l’on arrive vers 6 heures. On fait stationner le troupeau sur la place devant l’église. Le petit déjeuner est pris avant le départ de Chirac au restaurant du Centre. Le patron fournit les vivres nécessaires au repas de midi qui a lieu à la faveur d’une halte dans la draille du Massibert. A partir de Chirac, la marche a été encore plus ralentie par suite de la fatigue et aussi de la rude montée : des bords de la Colagne au Col de Bonnecombe, on passe de 628 m à 1361 m d’altitude.

           Après une pose de 3h30 environ dans la draille du Massibert, on se remet en marche pour la dernière fois. Il est un peu plus de 19 heures quand on débouche au sommet du bois de hêtres d’où on embrasse à perte de vue l’Aubrac.

           La pente est vite descendue et l’on arrive à la route en bordure de laquelle se dresse Bonnecombe, terminus du parcours. Ce soir, les bergers dorment ici, dans un lit, et les bêtes ont retrouvé le parc après un voyage de 125 à 130 km, parcourus en six jours‘.

           Le certificat sanitaire du vétérinaire est remis à la Mairie des Salces. Puis, l’été passant vite, la redescente par les mêmes chemins s’effectuera le 8 septembre et animera de nouveau le bourg de Chirac avec bêtes et sonnailles.

           D’autres troupeaux passèrent jusque dans les années 1965-68 aussi par le chemin des Bories et Le Monastier pour monter vers d’autres estives aubracoises. Il virent passer maints transports avec des aires de retournement en terrains privés, le croisement n’étant pas plus possible aujourd’hui qu’hier… Ce sont les modes de transports qui ont modifié le rythme lent du pas des bêtes et des hommes et femmes qui les accompagnaient…

           A quand nos deux ponts reverront de tels passages ?

           Peut-on imaginer fêtes ou retrouvailles qui marquent le souvenir de ces drailles et de l’activité de transport d’alors ? Il n’est pas interdit de … rêver !

L'actualité en image

Vous avez une actualité à diffuser ?