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L'actu : HISTOIRE DE RUES…

Publiée le 28 mai 2022

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Deux petites rues étroites de nos deux bourgs

           Chirac : rue des Agachets

           Il a fallu quelques recherches sur l’origine incertaine de ce nom… Le terme d’ ‘aga’ d’origine d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, désigne le chef, redoublé en ‘agachef’. Mais est-ce bien là l’étymologie du nom de cette rue étroite ? On peut le penser, si l’on imagine que les maison de qualité qui la bordent sont peut-être celles de l’un ou l’autre consul de la cité ?

           Notons qu’en examinant le cadastre napoléonien de Chirac, la rue des Agachets prolonge la rue Longue et toutes deux suivent le tracé de l’ancien rempart de la cité médiéval de Chirac : ‘castrum kyriacum’, administré par deux consuls à partir de la fin du XIIIème siècle. Mais, selon Jean-Paul MAZOT, historien bien connu, le terme des ‘Agachets’ désigne tout un quartier de la cité et ce, semble-t-il, dès le XIème siècle. A cette époque, un hôpital semble déjà créé par un certain Louis de BONAS, sous le vocable de Saint-Jacques.  Indigents et pélerins tentant d’éviter les rigueurs de l’hiver pour se rendre à Saint-Jacques de Compostelle empruntaient plutôt la vallée de la Colagne que les monts d’Aubrac enneigés. Le pape Innocent IV en 1245 confia l’administration de cet hôpital aux moines de la dômerie d’Aubrac. Si, jusqu’après la Guerre de Cent-ans, l’administration et le fonctionnement de l’hôpital furent correctes, les choses se grippèrent pour des histoires de redevances, de legs revendiqués, d’engagements réciproques entre la dômerie et les consuls de Chirac. La  cause principale de ces différends nombreux est était la gestion des legs consentis par de riches familles locales et des redevances terriennes  à la dômerie, comme le domaine du Massibert, par exemple. Ces querelles d’intérêts ne trouvèrent une fin qu’en… 1831 !

           La tranquillité de cette rue étroite tranche avec les enjeux d’alors…

           Cf. MAZOT (Jean-Paul) : Pages incontournables de l’histoire de Chirac, SLSAL, 2017.

           Le Monastier : rue du Théron

           Cette courte rue du centre-bourg part de la rue de la République, citée plus haut, et aboutit au moulin de la Colagne.

           ‘Théron’ ou ‘Thérond’ est un toponyme fréquent  dans le Massif Central. Le mot viendrait du latin ‘turo’, désignant une hauteur, un point haut. Mais en occitan, il signifie : source, fontaine. Ces deux derniers sens sont peut-être à l’origine de la rue du Théron au Monastier.

           Cette petite rue, assez étroite, descend depuis la Maison du Prieur (ancienne Mairie du Monastier, aujourd’hui gîte d’étape) vers le béal du moulin et la Colagne. Il est probable que dans la rue ou en contrebas de la rue existait une fontaine ‘le Théron’, utile pour les besoins domestiques et pour le relavage des laines les plus fines et pièces de laine tissées ? Le profil de cette rue entre les années 1900 et 2020 incline à le penser.

           En effet, la rue était bordée de maisons d’artisans avec escaliers extérieurs en pierre, dominant la porte des écuries pour une ou deux mules ; ces dernières étaient indispensables pour se déplacer par tous les temps et chargeables de bâts pour le transports des pièces de laines filées, tissées ou non. Le pallier de chaque escalier permettait de travailler à la lumière du jour, même déclinante jusque tard les soirs d’été, pour filer, et examiner les pièces de laine tissées. Plus de 20 sortes de laines étaient tissées : serges, cadis, surges, escots, etc. Le feutrage nécessitait le recours à l’eau pour confectionner chapeaux et autres coiffes indispensables dans le Gévaudan au climat si contrasté selon les saisons.             Les deux photographies à 120 ans d’écart montrent combien le profil de la rue à changé : des maisons ont disparu, nombre d’escaliers aussi… Mais la rue est toujours là et il est permis d’imaginer les conversations d’un escalier à l’autre, en occitan

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